mardi 21 mai 2013

Yann Genty, son expérience et ses ambitions

Yann Genty, 31 ans, gardien de but de handball du Cesson-Rennes Métropole, a accepté de s'entretenir le Samedi 18 Mai 2013 avec l’administrateur de Les handballeurs de France, groupe de handball sur Facebook.


Où et à quelle âge as-tu commencé le handball?
Yann Genty : J’ai commencé le hand à Saint Gratien, dans le Val-d’Oise, à l’âge de 4 ans et demi. Mon père connaissait un peu les dirigeants, ce fut plus facile pour m’intégrer au club. J’étais infernal étant jeune, le hand me permis de m’épanouir mais aussi de faire souffler mes parents.

Comment peux-tu décrire ton évolution professionnelle, de Saint-Gratien à Cesson ?
Y-G : Eh bien, c’est vrai que mon parcours a été mouvementé ; au début, à Saint Gratien, j’ai pu connaitre ce qu’étaient les inter-comités, puis j’ai été intégré au pôle d’Eaubonne avant de faire Sport Étude pendant 2ans. Je suis ensuite arrivé en tant que 3ème gardien à Villepinte, pour jouer en D2. Je n’ai pas toujours été gardien de but, j’ai été joueur jusqu’à mes 16ans, et dû enfiler le rôle de gardien de but au départ d’Erik Boisse pour les championnats du monde d’escrime. Voilà où j’en suis aujourd’hui !

Envisagerais-tu un jour de quitter la France pour un club étranger ?
Y-G : Disons qu’avec ma famille et mes enfants, c’est plutôt difficile. Quitter une ville pour une autre n’est déjà pas évident, alors quitter la France pour un autre pays… Si j’avais eu une opportunité très intéressante, pourquoi pas, je pense que mes proches auraient compris, surtout si ça aurait été une véritable solution pour moi. Mais je dois avouer qu’aujourd’hui je suis un peu trop vieux pour quitter la France pour un club étranger.

Que représenterait pour toi une intégration au groupe de l’équipe de France ?
Y-G : Ce serait un immense bonheur que de pouvoir jouer en équipe de France ! Je pense que c’est le but ultime de tout joueur professionnel. Certes, lorsque l’on débute sa carrière, ce n’est pas notre objectif premier, mais avec un peu plus d’expérience, on peut se mettre à y rêver. Pour moi ce serait une joie immense que d’être appelé en équipe de France, surtout avec les grands gardiens qu’il y a en LNH, plus jeune et surement plus performants. Cela dit, il faut être réaliste, aujourd’hui j’ai 31ans, je ne suis plus tout jeune, je n’y crois pas trop.

Comment vois-tu la nouvelle génération de l’équipe de France de Handball ?
Y-G : Je pense que la nouvelle génération de l’équipe de France peut se montrer très intéressante. Il faut de bons joueurs et un bon collectif surtout pour avoir une équipe compétitive. Les jeunes joueurs peuvent devenir très important en équipe de France.

Peux-tu dresser un bilan après cette première saison à Cesson-Rennes ? Ton intégration au groupe, l’environnement sportif de ce club etc… 

Y-G : L’important dans un club, c’est de s’y sentir bien. Il y faut un bon état d’esprit. A Istres, je n’ai pas connu un aussi bon état d’esprit qu’à Cesson. Istres était un club assez strict où l’on n’avait pas de relations amicales avec les coéquipiers, c’était plutôt du genre « on est là pour le hand, et c’est tout ». A Cesson, on a plutôt un bon groupe, où l’on peut s’exprimer clairement et franchement avec tout le monde, et c’est ça que j’aime. Il est important dans une équipe de pouvoir se dire les choses. On peut dire que le bilan est plutôt positif car le CRM est le plus petit budget de LNH après Billère mais on arrive quand même à faire des grosses performances, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Cesson est un bon club, capable de rivaliser avec les grandes équipes de D1, et ce sans un budget dépassant les 2 millions d’euros.

Qu’est-ce que tu penses des investissements Qataris au PSG ?
Y-G : C’est plutôt très bien. Cela permet au public français de côtoyer des stars du handball comme Hansen, Abalo… qui sont disponibles après les matches. Au-delà de ça, c’est plutôt bien pour le championnat français, les joueurs de LNH peuvent affronter de véritables monstres du handball avec leur club. Ce qui est bien aussi, c’est de pouvoir remplir les salles de France, c’est plus attirant de voir des matches avec Hansen ; les petits clubs sont même amenés à délocaliser leur rencontre dans des plus grandes salles pour attirer plus de monde et faire plus de bénéfices. Le championnat devient intéressant grâce à cela.

Est-ce que tu penses que l’hégémonie parisienne est lancée ou qu’elle va s’estomper au fur et à mesure ?
Y-G : Oh je pense que ça va durer pour le P.S.G. ! Tant qu’il aura les moyens de pouvoir dominer le championnat comme il l’a fait cette année, ça va être dur de pouvoir rivaliser avec Paris. Les clubs de LNH peuvent prendre le pari de rivaliser comme l’a essayé Montpellier, en comptant sur son centre de formation, mais sinon, sans un gros budget, ça va être dur d’arrêter le P.S.G.

Est-ce que le résultat d’hier soir face à Saint-Raphaël (28-28), compte tenu des ambitions du club, est un bon moyen de maintenir le cap sur la saison à venir ou plutôt une contre-performance à oublier ?
Y-G : A vrai dire, les deux ! Lorsque l’on concède une victoire dans la saison en prenant un but à la dernière seconde, c’est dur mais on passe. Là ça fait le troisième match de la saison où l’on prend un but dans les dernières secondes. Ça fait mal à force. Maintenant, voilà on a joué Saint Raphaël qui est un des gros calibres de ce championnat, avec un fort budget, et qui a déjà rivalisé avec de très grosses équipes. Donc d’une part on est déçu de ne pas avoir remporté ce match, mais d’un autre coté on a tout donné et les dirigeants ne nous en veulent pas vraiment.

On sait que tu aimes bien pronostiquer, quelle est pour toi l’équipe qui terminera à la 2ème place du championnat de France de LNH?
Y-G : Franchement, je suis bien l’évolution du championnat et je pense que Nantes peut finir deuxième, ils ont un bon calendrier, dont le derby de Bretagne qui s’annonce intéressant, et ont de bonnes ressources mentales et physiques pour devenir dauphin du P.S.G. Après, Dunkerque est sur une très bonne lancée et peut confirmer en conservant sa deuxième place.

Excepté gardien de but, à quel poste aimerais-tu jouer ? Pourquoi ?
Y-G : J’aimerais bien jouer ailier gauche, parce que j’ai commencé à ce poste, j’étais efficace au shoot mais ça s’arrêtait là ; pourquoi pas revenir au poste d’ailier gauche après ma carrière professionnelle. Lorsque j’étais à Aurillac, on travaillait une combinaison où je prenais le shoot à l’aile ou alors je faisais une passe. Les défenseurs laissaient tirer pensant que comme j’étais goal, j’étais une buse au tir ; dommage pour eux, car ça payait ! Aujourd’hui l’entraineur ne prendrait pas ce risque avec moi, il me trouve vieux et ne souhaite pas me voir blessé.

Qui est, pour toi, le meilleur gardien de but de handball ? Qu’a-t-il de plus ? Pourquoi est-il si bon à tes yeux ?
  • Dans le monde ?
Y-G : Je pense qu’on est d’accord pour dire que Thierry Omeyer (THW Kiel) est un modèle. C’est un acharné de travail, tu ne peux pas arriver à son niveau. Je me suis renseigné, il travaille même pendant les matches, lorsque son équipe est en attaque, il fait des exercices dans sa cage en attendant que le danger revienne ! Il est impressionnant. Il est acharné au travail vidéo également, ce qui lui permet d’être encore plus performant lors des matches.
  • En LNH ?
Y-G : Je pense que Vincent Gérard (USDK) est le meilleur gardien de LNH, malgré que son comportement puisse parfois agacer. Il a dans l’ensemble une bonne attitude dans les buts et fait ce qu’il faut. C’est un grand bosseur, il est également acharné au travail.

Penses-tu que V. Gérard pourrait prendre la place de n°1 après le départ de T. Omeyer en équipe de France ?
Y-G : Oui je pense qu’il en a la capacité, après ça dépendra aussi du coach. Il y a de très bons gardiens en LNH, Mickaël Robin (MAHB) le prouve cette saison, il est très doué et pour moi fait partie des gardiens qui peuvent assurer avec les Bleus, devant Dumoulin et Gérard. Mais aujourd’hui, Vincent Gérard est officiellement le n°2 derrière Omeyer, c’est sûr.

Est-ce que le mondial 2017 permettra à l’équipe de France de se montrer plus conquérante du fait que ce championnat du monde se déroulera en France ?
Y-G : Ça dépendra de l’équipe sélectionnée à ce moment-là. Elle a de bonnes chances d’être parmi les favoris en tout cas. C’est une bonne chose que la France accueille les championnats du monde de handball de 2017, ça donnera l’occasion au handball de se développer et d’être un peu plus médiatisé. Les français se mobiliseront pour soutenir la France et ce sera plutôt bien.

Concernant les « paris truqués », penses-tu que l’ampleur de cette affaire est justifiée ? Pourquoi?
Y-G : Oui on en parle, du moins on en a parlé. L’ampleur aurait pu être plus importante. Cette affaire a clairement entaché le handball mais elle s’est plutôt vite estompée, heureusement. Il y a des choses plus grave dans la vie que des sois disant paris truqués de joueurs alors qu’ils gagnent déjà bien leur vie.

Je m’entretiens aujourd’hui avec toi pour un groupe sur Facebook, Les handballeurs de France. La majorité relative des membres de ce groupe est assez jeune. Quels conseils pourrais-tu leur donner quant à leur éventuelle carrière de handballeurs/euses, en te basant sur ton expérience personnelle ?
Y-G : Faites pas les cons à l’école ! Je trouve que c’est important de bien réussir à l’école pour s’assurer de faire quelques choses de sa vie. Une fois que l’on a assuré à l’école, on peut se consacrer au handball, pas l’inverse. Je connais un jeune joueur qui avait 19 ans lorsque j’étais au centre de formation qui s’est blessé gravement et qui n’a pas pu reprendre sa carrière de joueur. Il n’avait pas vraiment de diplôme et n’avait pas les mêmes droits (assurance, mutuelle,…) que les joueurs professionnels. Du coup, sa blessure l’a obligé à reprendre ses études et arrêter sa carrière. C’est dangereux d’être joueur professionnel, on ne sait pas ce qui peut nous arriver, il peut se passer n’importe quoi et c’est fini ; alors mieux vaut être serein et avoir une roue de secours.

Dans un avenir plus ou moins proche, penses-tu mettre un terme à ta carrière et te déconnecter du handball, ou envisages-tu de poursuivre ton activité dans le handball ?
Y-G : C’est délicat, si je mets un terme à ma carrière et que j’annonce à mes proches que je me lance dans une carrière d’entraineur, il va falloir leur faire accepter le fait que je sois de nouveau absent les weekends mais cette fois-ci pour entrainer ! Ce n’est pas évident, être entraineur n’est pas facile, on peut voir certains professionnels arrêter de jouer pour passer entraineur et avoir cette envie de jouer et de montrer aux joueurs qu’il est encore meilleur qu’eux. Je n’ai pas envie de ça. Je pense que lorsque j’arrêterais ma carrière, je resterais dans le handball, mais avec les jeunes, peut être en formation ou en jeune catégorie.

  • Que retiens-tu de ton passage au R.V.V.G. (Réal Villepinte Vert Galant) ?
Y-G : Ah, disons que c’était très bien, j’ai pu jouer à un niveau intéressant (D2). J’ai rencontré de très grands joueurs, c’est là où j’ai réellement commencé à apprendre et c’est important pour moi. Clairement, à Villepinte, j’ai été éduqué, non seulement dans le handball mais aussi dans ma vie privée. Le fait de fréquenter des joueurs de renommé nationale ou internationale m’a été bénéfique.

Propos recueillis par Thomas SAINTE THÉRÈSE, pour Les handballeurs de France.

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